LE COUGAR À LUNETTES
Lysanne Brazeau
C’était un temps dans les années 60, où les familles riches allaient explorer les forêts et les montagnes à la recherche de rares espèces d’animaux vivant encore dans le pays. Cette fois, la famille Richer partait à la recherche des rares couguars vivant encore au Canada dans la forêt Jentikoogar. La famille Richer comprenait 6 personnes : Fernande, la mère, Adrien, le père, Marie-Antoinette l’enfant aînée, 12 ans, Raphaël, 8 ans, Marie-Anne, 5 ans et sa jumelle, Marie-Josée. Marie-Antoinette aimait bien jouer des tours à Raphaël. Raphaël, lui, aimait lire. Marie-Anne et Marie-Josée s’occupaient en jouant aux détectives.
La famille Richer partit donc le 30 juin 1964 pour passer les vacances à la forêt Jentikoogar. Lorsqu’ils arrivèrent, ils installèrent leur tente. Ils attendirent au lendemain pour faire leur première exploration. Lorsqu’ils se réveillèrent, ils se préparèrent à l’aventure; ils remplissaient les gourdes, préparaient des sandwiches et des collations, préparaient l’équipement et mettaient le tout dans des sacs à dos qu’ils placèrent sur leurs épaules. Ils partirent enfin et commencèrent à explorer la partie sud-est de la forêt.
A midi, ils s’arrêtèrent pour manger. Raphaël sortit son livre de son sac et commença à lire. Il lisait encore lorsque la famille se remit en marche. Soudain, n’ayant pas prêté attention où il mettait les pieds, Raphaël trébucha sur une racine et tomba à plat ventre sur le sol, et ses lunettes glissèrent de son nez et tombèrent à côté de lui. Marie-Antoinette, ayant vu ses lunettes tomber, s’approcha de son petit frère et se pencha pour faire mine de l’aider à se relever. Très vite elle s’empara des lunettes et les glissa dans sa poche. Elle prit le bras de son frère et le mit vite sur pied. Puis, Marie-Antoinette dit qu’elle devait aller à la toilette. Son père lui dit d’aller en arrière d’un buisson quelques mètres plus loin. Marie-Antoinette s’éloigna donc et se cacha en arrière d’un buisson. Elle plaça les lunettes par terre attendit quelques minutes puis revint vers sa famille en laissant les lunettes là. Lorsqu’elle arriva, sa famille cherchait les lunettes de Raphaël. Marie-Antoinette rit intérieurement. 20 minutes passèrent et la famille Richer cherchait encore les fameuses lunettes de Raphaël. Découragé, Raphaël dit:
- J’offre une récompense à la personne qui trouvera mes lunettes. Je lui donnerai mon sifflet !
Marie-Antoinette était la seule dans sa famille (à l’exception de ses parents) à ne pas avoir de sifflet.
- Ça pourrait très bien faire peur à Raphaël quand il lit. Rien qu’à me glisser à côté de lui et siffler. C’est une grande peur qu’il aura ! pensa Marie-Antoinette.
Elle planifia de se faufiler hors de la tente dans la nuit et d’aller chercher ses lunettes. Bien sûr, cela lui prendra du temps, mais c’était sa seule chance puisque le lendemain, ils commenceraient à transporter la tente avec eux. Ils ne seraient jamais à la même place. Lorsque les membres de la famille Richer revinrent au campement, ils rassemblèrent toutes leurs choses et se préparèrent à partir à l’aventure pour le lendemain. Ils placèrent des vêtements, la nourriture et toutes les choses essentielles dans les sacs à dos. Lorsque la nuit fût tombée et la famille Richer couchée, Marie-Antoinette sortit discrètement de la tente, prit une lanterne et se faufila dans la forêt en faisant le même trajet que sa famille avait fait. Cela lui prit une bonne heure pour se rendre à l’endroit où ils avaient mangé, et une demi-heure pour se rendre à l’endroit où Raphaël avait trébuché. Elle se rendit en avant du buisson où elle avait caché les lunettes en se disant «Victoire ! » Même dans la noirceur, on pouvait voir son grand sourire. Mais son sourire fit bientôt face à la déception, puis à l’angoisse, puis à la fureur : les lunettes n’étaient plus là ! Elle a soudainement pensé qu’elle n’était pas peut-être pas à la bonne place, mais elle dû se rendre à l’évidence : elle était bel et bien à la bonne place.
Sur le chemin de retour, l’angoisse pouvait se lire sur son visage. Qu’arriverait-il si Raphaël l’accuserait d’avoir volé ses lunettes devant ses parents ? Elle ne s’était jamais fait attraper à jouer un tour à son frère, ce dernier n’aimant pas rapporter. Lorsque ses petites sœurs se faisaient punir, ses parents leur interdisaient de manger entre les repas. Mais elle, peut-être serait-ce le souper ? Enfin, Marie-Antoinette arriva au campement. Elle se coucha et s’endormit. Le lendemain, la famille Richer partit de bon matin, avec Marie-Antoinette traînant de la patte, ayant passé une bonne partie de la nuit à marcher et non pas à dormir. La famille Richer explora la forêt Jentikoogar pendant une semaine avant qu’elle n’aperçoive un couguar. Ils l’avaient vu de dos et voulaient le voir de face donc ils ont fait un bruit pour qu’il regarde dans leur direction, ce qu’il a fait, et puis… surprise ! Sur son nez se trouvaient… les lunettes de Raphaël ! Toute la famille était surprise. Chacun tentait d’essayer de comprendre comment les lunettes s’étaient rendues jusque là. Ils avaient tous une théorie différente :
- Soit qu’il est intelligent, soit que c’est quelqu’un de déguisé !
- Ce n’est pas un animal !
- Peut-être imite-t-il quelqu’un ?
- Quelqu’un les a peut-être mises là ?
Cette dernière théorie fut répondue par un étranger qui apparût soudainement dans la forêt.
- En effet, dit-il. Je m’appelle Jean Des Boules. J’ai trouvé ces lunettes dans la forêt. Mon couguar apprivoisé, que vous voyez ici, a de la difficulté à voir. J’ai donc décidé de lui donner ces lunettes afin qu’il puisse voir. Y a-t-il un problème avec cela ?
- Oui ! dit Raphaël. Moi, je ne vois plus rien maintenant !
Pendant tout ce temps, le couguar les regardait, confus.
- Je peux avoir mes lunettes s’il vous plaît ?
- Mais mon couguar ne verra rien !
- Mais se sont mes lunettes !
Puis, tout d’un coup, le couguar secoua la tête et fit tomber les lunettes. Il retourna dans la forêt sans regarder en arrière. Jean regarda la famille Richer, qui le regarda aussi. Soudain, tout le monde sauta sur les lunettes, tous voulant les attraper. Finalement, Marie-Antoinette s’éloigna en criant :
- Je les ai, je les ai !
Raphaël remit bien vite ses lunettes sur son nez. N’ayant plus rien à faire là, l’étranger partit. Marie-Antoinette dit :
- Alors, je peux avoir MON sifflet ?
- Et pourquoi te donnerais-je MON sifflet quand c’est l’étranger qui l’a trouvé ? Il n’est plus là, alors je le garde ! a alors répondu Raphaël.
- Et où sont MES lunettes maintenant ? dit Fernande.
- Ah non, ça recommence ! dit Adrien en voyant un autre couguar avec des lunettes.